Une salle de réception. Une musique de jazz. Des dizaines de tables auxquelles les invités sont en train de manger. Pacey et Joey sont assis à l’une d’entre elles. Pace parle beaucoup et fait rire les autres occupants de la table pendant que Joey s’ennuie ferme. Une blonde à coté de Pacey rit plus fort que les autres à chaque fois que Pacey ouvre la bouche.
Joey, assise sur sa chaise, tend les jambes pour essayer de récupérer ses chaussures qu’elle avait quittées lors du dîner. Ne les retrouvant pas à tâtons, elle se retrouve dans l’obligation de se glisser sous la table pour les rattraper. C’est alors qu’elle aperçoit la main de la blonde bien avancée sur la cuisse de Pacey. Surprise, elle se cogne la tête contre le dessous de la table.
Pacey à la blonde : Vous voulez bien m’excuser un instant ?
La blonde, gloussant : Oh oui bien sûr.
Pacey se tourne vers Joey qui s’est alors redressée sur son siège et lui demande: Chérie ? (Puis à voix basse) Je ne veux pas te sembler indiscret mais ça t’ennuierait beaucoup de me dire à quelle activité tu te livres là-dessous ?
Joey, sur le même ton : Ca dépend. Si ça ne te dérange pas de me dire ce que la main de cette nana fait sur ton entrejambe !
Pacey, jouant les innocents : Excuse moi ?
Joey : Tu as entendu Pacey ou tu préfères que j’en parle à tous les gens de cette table ? Je suis persuadée que son cavalier aimerait beaucoup être tenu au courant.
Pacey : Bon d’accord, tu viens d’exprimer un avis. Ca donnerait quoi en clair ?
Joey : Pacey, tu me reconduis chez moi maintenant, je suis fatiguée, je suis grognon, je ne sais pas si tu as lu notre contrat de location de cavalière mais celui-ci se termine dans exactement 35 minutes. Alors vas à l’essentiel et demande lui son numéro de téléphone.
Pacey se rassoit correctement et lisse son costume et lance à voix haute : D’accord soeurette, détends-toi tout va bien. (Il lui tapote sur la main pour la convaincre)
Joey, entre ses dents pour s’éviter de crier trop fort : C’est quoi ce délire ? Elle pense que je suis ta sœur ?
Pacey lance une cuillère par-dessus son épaule et entraîne sèchement Joey par la main pour la faire se baisser avec lui pendant qu’il est censé ramasser la petite cuillère et lui parler à l’abri des oreilles indiscrètes.
Pacey chuchote : Je ne t’ai pas dit qu’il s’agissait d’une formidable occasion d’élargir mon réseau dans le milieu boursier ?
Joey, agressive : Si ! Et c’est avec cet argument que tu m’as entraînée ici. Tu sais quoi ? On a élargi le réseau. On a brassé beaucoup d’air. Alors si tu ne me ramènes pas chez moi tout de suite, là, maintenant, il y a des chances pour que la sainte nitouche d’à côté soit fort surprise quand elle verra ta petite sœur se jeter sur toi pour te rouler la pelle de ta vie.
Pacey abdique : Cinq minutes. On part dans cinq minutes.
Joey : Trop aimable !
Ils se redressent à nouveau.
Pacey : voilà, situation sous contrôle à gauche. Ah les sœurs !
La blonde rit puis dit à Pacey : Le garçon qui m’accompagne est réellement mon frère lui.
Pacey : C’est vrai ça ?
La blonde : Non. (Elle rit)
Pacey : Ah, bien sur que non.
Joey est à nouveau sous la table pour enfin récupérer ses chaussures.
La blonde : Ecoute, ne tournons pas autour du pot tous les deux. Je te trouve sympathique dans ton genre.
Pacey : Ca ne t’ennuierait donc pas que je te téléphone.
La blonde, minaudant : Au contraire. Fais-le. Je peux aussi le faire ou clore le dossier avec mon cavalier et toi avec ta sœur. C’est ça non ?
Pacey sourit.
La blonde : On pourrait se retrouver ici dans une heure et aller chez moi peut-être.
Joey, pendant ce temps, tente de faire un demi tour sous a table pour rejoindre sa chaise.
Pacey parait surpris par la demande de sa voisine.
La blonde reprend : Bon, si tu n’es pas intéressé enfin si tu es réellement avec cette fille…
Pacey : Cette fille ?
La blonde : Oui cette fille !
Pacey : Non, non, non, non. Je ne suis pas du tout avec elle je te rassure.
Joey, elle, est sur le point de ressortir de sous la nappe.
La blonde : Alors ? J’ai toutes mes chances ?
Pacey : Oui. On se retrouve ici dans une heure.
La blonde, tout sourire : Dans une heure.
Elle se lève de table. Pacey lui fait un petit signe de la main puis elle part en passant derrière lui. Il arbore un sourire ravi.
Joey réapparaît, essoufflée : Je l’ai ! J’ai ma chaussure. Elle était à l’autre bout de la table.
Pacey : C’est vrai ? Alors le problème est réglé. Si c’était un problème… On devrait y aller là ok ?
Il se lève alors au même moment où Joey lance : Laisse-moi remettre ma chaussure.
Mais Pacey la tire par la main, lui laissant tout juste le temps d’attraper son soulier au vol.
Pacey marmonne avec force entre ses dents pour ne pas se faire dévisager par les convives : En route Cendrillon.
Ils circulent entre les tables, main dans la main, Joey un peu à la traîne.
Joey : T’as rendez-vous avec une fille ? T’es pressée ?
Pacey : Non, mais une femme sublime vient de me proposer de coucher avec moi et sans contrat.
Joey : T’es trop mignon quand tu te fais des idées.
Générique.
Pacey et Joey sont dans la voiture de ce premier. Il fait nuit.
Joey a l’air inquiète : Pacey. Je peux te poser une question ?
Pacey, au volant : Bien sûr.
Joey : Qu’est-ce qu’il se passe au niveau de mon postérieur ?
Pacey : T’inquiète pas, c’est le chauffage du siège. Toutes les berlines de luxe allemandes en sont équipées aujourd’hui.
Joey : Oh ! Dans ce cas la partie inférieure de mon corps te remercie de t’être autant embourgeoisé. Pacey, on aurait pas dû tourné à gauche normalement si on avait voulu sortir de cette banlieue paumée ?
Pacey : Oui, on aurait dû. Mais avant de rentrer on fait un petit arrêt shopping toi et moi.
Joey : Un petit arrêt shopping ?? Oh non ! Je n’ai peut-être pas suffisamment mis l’accent sur le besoin impératif que j’ai de rentrer, de me mettre au lit et d’enlever ces fringues ridicules aussi vite que possible. Et j’ai tout un tas de bouquins à lire pour le cours d’Hetson.
Pacey : D’accord. Calme-toi. Ca va juste te retarder de deux minutes.
Joey soupire. La voiture se gare sur le parking.
Joey : Tu as besoin de quoi au fait ?
Pacey : Besoin ?
Joey : Oui ! Tu veux acheter quoi ? Le truc sans lequel tu ne tiendras pas jusqu’à demain matin …
Pacey défait sa ceinture de sécurité : Euh…du détachant.
Joey : Du détachant ???
Pacey : Ben oui, pour la lessive.
Ils sortent de l’habitacle et marchent en direction du magasin.
Joey : Pendant toutes les années où je t’ai pratiqué, je ne t’ai jamais vu faire une seule machine.
Pacey : Tu n’es pas obligée de venir. Attends dans la voiture.
Joey : Sérieusement ? Tu voudrais que je t’attende dehors pendant que tu traînes dans les rayons de cet hypermarché ?
Pacey : Ouais.
Joey : Hé ben non ! Il fait froid, c’est glauque, et si tu veux tout savoir, il faut que j’aille aux toilettes.
Pacey : C’est incroyable. Non mais c’est quoi ce plan ? Il y a deux minutes tu ne voulais pas t’arrêter.
Joey : On continue de débattre où essaie de parcourir les vingt kilomètres qui nous séparent de l’entrée ?
Devant l’entrée du magasin, Joey soupire : Je serais curieuse de savoir pourquoi tu t’es garé aussi loin.
Pacey : Deux mois de salaire pour enlever les traces de la maison de Dawson à l’avant de cette voiture, tu crois que j’ai envie de la laisser entre les mains de ces charmants jeunes gens.
Il se retourne pour observer deux types en train de ranger des rangées de caddies en chahutant ce qui attire aussi le regard de Joey.)
Joey et Pacey sont devant la porte automatique du supermarché mais elle ne s’ouvre pas. Pacey, les mains dans les poches de son manteau, sautille pour déclencher le détecteur, mais rien à faire.
Joey : super. C’est fermé.
Pacey : Mais non. Ca m’étonnerait, il y a encore plein de monde à l’intérieur.
A ce moment, un vigile ouvre une autre porte, tout à côté, pour laisser sortir deux personnes.
Vigile : Bonsoir. Soyez prudentes mesdemoiselles.
Puis au deux fous aux caddies, il lance : Hé ! A quoi vous jouez bande de rigolos ? Où est-ce que vous vous croyez ? Sur le circuit de Monte-Carlo ? Je vais vous en donner moi du Monte-Carlo !
Le vigile part à la rencontre des deux jeunes « rigolos » alors que Pacey et Joey profitent du fait que la porte soit en train de se refermer pour se faufiler à l’intérieur.
Pacey : Et voilà.
Ils s’avancent à pas rapides dans le magasin.
Joey, à une intersection : Ah, il faut que j’aille aux toilettes.
Pacey : Oui, oui. Je sais, je sais.
Ils se séparent aussitôt/
Pacey se rend directement au rayon des préservatifs. Et devant l’étalage, il soupire. Un jeune vendeur, à l’air un peu simplet, s’approche : Hum, on va fermer dans pas longtemps.
Pacey regarde sa montre, gêné : Euh oui…oui.
Le vendeur lui lance un regard lourd de sous-entendu. Ils se sourient. L’un par politesse, l’autre par niaiserie. Pacey attrape une boîte.
Le vendeur : Bon choix.
Pacey lève les yeux de la boîte mais reste paralysé par la surprise.
Un instant plus tard, alors qu’il a quitté le rayon et qu’il joue avec la boite dans ses mains, Joey le rejoint rapidement. Pris de vitesse, il range la boite d’un geste vif dans la poche de son long manteau noir.
Joey : Ah, te voilà. Tu viens on…
Pacey : Euh, est-ce que tu peux attendre une seconde ?
Joey : Non. J’ai besoin de toi !
Pacey : Besoin de moi ? Mais pour quoi faire ? Attends tu peux pas y aller toute seule ?
Joey : Bravo, c’est ça. T’as deviné.
Pacey : Quoi ???D’accord tu peux attendre une petite seconde ?
Joey : Non, c’est urgent. (Puis suspicieuse) Et pourquoi t’étais pas au rayon lessive ?
Pacey se gratte le menton puis abdique : Allons-y.
Il la dirige alors vers les toilettes.
Joey : Merci.
Pacey : Ya pas de quoi. Suffit de demander. Avec ton autorité naturelle.
Pacey attends entre les deux portes des toilettes. Celle des femmes est barricadée et mise hors service.
Pacey à travers la porte : Tu as tellement peu le goût de l’aventure que tu n’aurais pas oser utiliser les toilettes des messieurs sans escorte.
Joey sort des toilettes pour hommes : Pacey, il n’y a pas moyen de fermer cette porte. N’importe quel client aurait pu entrer.
Pacey : Et alors !
Joey : Et alors ? Discuter à travers une cloison dans les toilettes publiques avec des hommes que je ne connais pas, ce n’est pas trop le genre d’expérience que j’affectionne moi tu vois.
Pacey : Qui voulais-tu qui rentre ? C’est quasiment désert ici. Et de toutes façons, il va fermer dans deux secondes.
Soudain, les lumières s’éteignent les unes après les autres.
Pacey et Joey courent vers la sortie. La portée est fermée.
Joey : Ah super, ils sont encore là.
Ils tapent contre la vitre de la porte dans l’espoir de se faire remarquer.
Pacey et Joey : Hey !
Joey : Monsieur, venez nous ouvrir.
Pacey: Hey, par ici. Hey!
Joey: On est enfermé.
Joey : Oh non, dis moi que c’est pas vrai. Rassure-moi.
Pacey : Ca va se régler, il va voir la voiture.
Joey blêmit : Pacey, on est garé à l’autre bout du monde !!!
Pacey : Bon lors si tu veux vraiment qu’on commence à désigner des coupables, désignons d’abord la vessie qui nous a mis dans cette galère.
Le gardien rentre dans sa voiture et démarre alors que derrière lui, Joey et Pacey tapent en vain contre la porte.
Joey, dépitée : Il s’en va.
Pacey : Oui j’ai vu merci.
Joey : Il est dans sa voiture, et nous on est là et on est piégé.
Ils regardent la voiture partir.
Joey : D’accord. Arrêtons de paniquer.
Pacey : Qui panique ici ?
Joey : JE panique Pacey ! Entre nous je voudrais franchement être ailleurs ce soir. J’ai tout…
Pacey continue avec elle : Tout un tas de bouquins à lire, je sais. Ca t’arrive de temps en temps de ne pas avoir un bouquin à lire ? Et je te signal que pour moi non plus c’est pas l’idéal.
Joey : Arrêtons là. Ca ne sert à rien d’accabler l’autre de reproches.
Un silence s’installe. Puis Pacey se lance d’un coup contre la porte pour l’enfoncer. Alors qu’il se prépare à recommencer, Joey l’arrête.
Joey : D’accord. Ce qu’il faut surtout, c’est réfléchir. Soyons rationnel.
Pacey : Bon, très bien. Celle-ci est verrouillée.
Il part. suivi de loin par Pacey qui lève les yeux au ciel. Ils retournent alors à nouveau à l’intérieur du magasin.
Pacey court et rejoint Joey à l’angle d’un rayon.
Pacey : Alors ? Ca s’arrange ?
Joey devant les appareils téléphoniques : Ce ne sont pas de vrais téléphones.
Pacey : Comment ça pas de vrais téléphones ?
Joey décroche l’appareil et le place devant sa bouche : Homme de ménage allée 4, homme de ménage allée 4.
Sa voix retentit alors dans tous les haut-parleurs du supermarché.
Joey à Pacey : Communication interne. On peut parler aux confitures si on veut, mais on ne peut pas communiquer avec le monde extérieur.
Elle repose le téléphone sur le rayon.
Joey : Tu as trouvé une porte derrière. S’il te plait, Pacey, dis moi oui.
Pacey : Pas de porte qu’on puisse ouvrir. Mais j’ai pensé que ton portable pourrait nous sauver la vie.
Joey, enjouée : Dans mon sac.
Pacey, soulagé : Génial.
Joey, sarcastique : Dans la voiture !
Puis, Joey et Pacey en même temps : Cabine téléphonique !!
Ils courent.
Joey : Je crois qu’elles sont …euh…
Pacey n’attend pas la fin de la phrase et tourne à l’angle d’un autre rayonnage.
Dans la salle réservée aux employés du magasin, Joey et au téléphone.
Joey : Non monsieur l’agent, pas coincés dans le sens pris dans une tempête de neige mais plus dans le sens enfermés. Non, non, personne n’est en danger de mort mais… S’il vous plait, ne me remettez pas en attente.
Pacey : D’accord, alors le mieux, c’est de raccrocher et d’appeler le 911.
Joey : On ne peut pas appeler les secours !!
Pacey : Pourquoi ?? On est enfermé là !
Joey : Pacey, on est enfermé dans une espèce de réserve géante pleine de nourriture, de fringues, de gadgets et de ce qu’il y a de mieux dans le domaine du Home Cinéma. Rien ne justifie une intervention d’urgence. A moins que nous courrions un danger dont je n’aurais pas conscience.
Pacey, regardant sa montre : Oui, nous courons le danger de te ramener chez toi à pas d’heure et ça, c’est hors de question.
Joey : Ah ouais, et depuis quand ?!
Pacey : Depuis quand quoi ?
Joey : Tu te soucies de me ramener à l’heure ?!
Pacey, outré : Mais enfin, depuis toujours. J’ai aucune envie de te voir négliger tes études. Tu as des devoirs à rendre, des bouquins à lire.
Joey le dévisage, toujours pendue au téléphone.
Pacey : Quel bouquin tu dois lire ?
Joey : Je dois lire Las Vegas Parano.
Pacey: Las Vegas Parano ?? Non! Tu paies 35 000$ par an pour qu’on te demande de lire Las Vegas Parano ? Tu pourrais le faire toute seule. Moi aussi d’ailleurs. Sans que ça me coûte un rond.
Joey : Tu vas te taire oui ?!?
Soupir.
Joey : Ah ça y est ça sonne.
Pacey : Ah génial. On sera chez toi d’ici peu.
Joey : Ou on moisira ici. Ils viennent carrément de me connecter à un serveur vocal. Sympa ! Appuyez sur la touche 1 pour nuisance sonore, touche 2 pour infraction au code de la route. Tiens, écoute ça. (Elle lui tend le combiné). Tu me prêtes ton manteau ? Je suis gelée, il fait un froid de canard ici.
Pacey : Mon manteau ? Mais t’as le tien !
Joey : Il est seulement joli le mien, il est pas chaud. Surtout pour une fille qui ne porte qu’une fine couche de soie sur elle.
Pacey : D’accord, je te le prête. Tiens ça une seconde.
Il lui retend le combiné pour enlever son manteau. Puis, face à face, il s’approche d’elle pour le lui déposer sur ses épaules alors qu’elle a le téléphone callé contre l’oreille.
Pacey : C’est mieux ?
Joey fait oui de la tête en grimaçant et lui retend l’appareil : Merci. Tu devrais appuyer sur le 0 pour qu’un être humain te prenne en ligne. T’as pas de gants bien sûr.
Pacey : Non, pas de gants. Allo, oui. Voilà oui, on est enfermé dans un hypermarché.
Joey, derrière Pacey, trouve la boîte de préservatifs dans la poche du manteau.
Pacey : Oui, exact, nous vous avons eu en ligne tout à l’heure. Non, allo, s’il vous plaît ne me mettez pas en attente.
Joey lui tapote sur l’épaule.
Pacey qui lui tourne le dos : Quoi ?
Joey : Est-ce que c’est à toi ça ?
Il se retourne, Joey lui montre l’objet en question.
Pacey : Ca ?
Joey : Oui, ces préservatifs que j’ai trouvés au fond de ta poche.
Pacey : Oh, euh, ceux-là ? Ils sont bien à moi oui. Mais concentrons-nous plutôt sur le problème à résoudre.
Joey, agacée : C’est donc pour ça qu’on s’est arrêtés ? Pacey, on est coincé ici parce que tu avais un besoin urgent de prendre part au contrôle des naissances ?
Pacey : Oui, donc parce que je suis un garçon responsable et sérieux. Et comme apparemment on va rester ici un bon bout de temps, on va pouvoir en discuter. (Au téléphone) Oui allo ? Oui ?
Joey fait demi-tour et jette la boite.
Pacey : D’accord non c’est parfait mais si vous pouviez faire en sorte qu’un de vos collègues nous rappellent, le numéro est le 607 555 189. Merci de votre… (On lui raccroche au nez.)
Pacey raccroche à son tour : Oui ben n’empêche qu’il y a quand même du progrès là.
Il s’éloigne puis se retourne.
Pacey : Pourquoi tu me regardes comme ça, là ?
Joey : Je parie que c’est la fille que t’as branché à ce dîner. Ce soir tu sortais avec moi mais tu as préféré te pencher sur le cas d’une autre. Une blonde peroxydée aux goûts vestimentaires douteux que t’allais rejoindre.
Pacey : Oh oh oh, du calme. On ne sortait pas ensemble nous deux. Une donnée incorrecte parmi d’autres dans ta phrase.
Joey : Pacey, ma soirée est gâchée à cause de toi.
Pacey : La mienne est loin d’être une réussite pour l’instant et…
Joey le coupe : Gâchée par une séance de galipettes dérisoires !!
Pacey : D’accord. Faisons…Faisons une pause là tu veux. Parce qu’il est hors de question qu’on s’aventure sur ce terrain.
Pacey va vers le frigo du personnel.
Joey : Ah ? Pourquoi ? Alors tu refuses de parler de sexe avec moi ?
Pacey, une bouteille de jus de fruits à la main, se rapproche d’elle : Parce que tu veux parler de sexe avec moi ?
Joey : Ben non mais… tu sais généralement je ne parle de sexe avec personne.
Pacey : Merci de me prouver que j’avais raison. Si on pouvait passer à autre chose, la soirée serait beaucoup plus sympathique.
Joey : Avant, je voudrais comprendre pourquoi tu refuses de parler de sexe avec moi.
Pacey : Oh, bien je pensais que c’était l’évidence même mais bon. Peut-être que c’est lié au détachement, au calme et à la tolérance dont tu fais preuve quand on aborde ce sujet.
Joey s’emballe : Oh tu veux que je te dise, je suis pas d’accord. D’accord ? Ca y est je te l’ai dit et je refuse de rester là comme si tout était cool, génial et fantastique parce que c’est ridicule.
Pacey : Est-ce que tu t’es entendue ?? Tu ne peux pas t’en empêcher. C’est pour ça qu’on ne parle pas de sexe. C’est ça en fait le secret de toute l’amitié qui nous lie.
Il se rapproche du plan de travail, y pose la bouteille et prend un verre pour le remplir.
Joey soupire : Ah, je m’y perds moi avec toutes ces phrases à rallonge.
Pacey : D’accord. On est amis toi et moi, non ?
Joey : Oui.
Pacey : Très bien. Alors quel est le secret de notre amitié durable et surtout pas névrotique ? Quelle est la seule chose qui fasse qu’elle tienne encore la route après des années, des années et des années ?
Joey : On s’est fait d’autres amis.
Pacey : Faux ! Le truc, c’est que quelles que soient les circonstances, toi et moi on évite de parler de sexe. Je peux avoir des relations sexuelles, tu peux envisager d’en avoir c’est vrai, mais nous, jamais on en discute. Comme ça, pas de malaise. Toi et moi, en empêchant le malaise de s’installer, nous avons été capables de préserver notre amitié. Tu vois. C’est une sorte de mesure préventive. Je résous le problème avant qu’il ne surgisse.
Joey : Attends Pacey. Si nous sommes aussi bons amis que ça, pourquoi voudrais-tu qu’il y ait je ne sais quel malaise ?
Pacey : Parce qu’il n’y a pas si longtemps que ça, toi et moi, nous avons été plus que de bons amis.
Joey : Oui, mais aujourd’hui ça n’est plus le cas.
Pacey : Ca n’a aucune importance. Le mal est déjà fait.
Joey : Oui mais alors ce que tu dis toi, c’est que j’ai fait l’amour avec toi et ensuite terminé. Je suis redevenue vierge.
Pacey : Dans mon esprit ? Oui !
Joey : D’accord, donc j’ai jamais couché avec Eddy ou Dawson…
Pacey gesticulant : Oh mais t’es sourde ou quoi ? Je ne veux pas t’entendre parler de ça.
Joey : Donc pour résumer, tu dis que le seul et unique moyen de sauvegarder notre si belle amitié, c’est de mentir sur tout ce qui se rapporte à notre vie sexuelle. On prend cet élément qui prend une certaine place dans nos vies et on…on se contente de l’ignorer.
Pacey s’éloignant : Ca a marché pour toi et Dawson.
Joey : Pardon ??? Qu’est-ce que tu as dit ???
Pacey s’arrête et répète : J’ai dit « ça… »
Joey, énervée : Ca va, j’ai entendu ! Ce qu’il y a, c’est que j’hallucine totalement là Pacey.
Pacey : Euh, est-ce qu’il y avait quelque chose de faux dans ce que je viens d’affirmer ?
Joey : N…Non.
Pacey : Non ? Alors où est le problème ?
Joey : Ca ne t’est jamais venu à l’esprit que je pouvais avoir envie de vivre ma vie autrement ? Que j’avais peut-être grandi finalement ?
Pacey : Tiens donc !
Joey : qu’est-ce que ça veut dire ça exactement ? Explique !
Pacey : Ca veut dire schématiquement que tu n’en as rien à faire des femmes avec qui je peux coucher. Si j’avais couché avec cette femme sur la table, juste sous ton nez, je suis sûr que tu n’aurais même pas sourcillé.
Joey : Pacey ! Je te rappelle que t’as couché avec ma colocataire pendant toute une année. C’est un peu tard là, je ne vais pas me mettre à criser tout à coup dès qu’on parle de toi et des autres femmes, si ?
Pacey : Ne m’oblige pas à être lourd. Sérieusement là, tu vois vraiment pas de quoi je veux parler ?
Joey : Non vraiment pas. Je ne comprends rien. Tu comprends quelque chose toi ??
Pacey soupire.
Joey : Je nage en pleine confusion. Est-ce que tu es contrariée parce que je suis moi-même contrariée ou bien est-ce que c’est parce que je ne le suis pas, à moins que ce soit parce que tu estimes que je devrais l’être encore plus ?
Pacey se tait et baisse les yeux. Joey comprend donc.
Joey soupire alors à son tour : Pacey. On a rompu. On a tourné la page. Est-ce que j’étais censée passer le restant de ma vie à déprimer en me rappelant la façon dont ça s’est terminé entre nous ?
Pacey : Bon très bien Joey. Puisque tu remets ça sur le tapis. Oui !
Joey semble ne pas en revenir.
Pacey continue : Un mot ou deux par-ci par-là, ça n’aurait nuit à personne. Je ne te demande pas de flipper éternellement comme c’est le cas à propos de Dawson. Mais deux ou trois minutes…
Joey : Oh non je ne le crois pas ! Pacey, je ne gagnerai jamais à ce jeu-là, c’est clair. Tiens, c’est aussi facile que de se couper la tête et d’aller ensuite se la frapper contre un mur en béton. Non mais…Qui a le plus couché ? Qui est resté le plus longtemps avec qui ? Tu pourrais pas trouver un mode de calcul réservé aux garçons pour savoir qui a gagné et me laisser en dehors de ça ?!
Pacey : Oui alors c’est le truc à ne surtout pas faire parce que je suis justement en train de parler de toi et moi depuis tout à l’heure.
Joey, plus calme : Non attends là. Quel toi et moi ? On est passé à autre chose. Et pardon de ne pas m’être brisée en mille morceaux quand tu as rompu avec moi, parce que la vie suit son cours je te signale. Et tant pis si de temps en temps elle rudoie ton pauvre petit ego de mal orgueilleux.
Pacey : Il ne s’agit pas de mon ego, Joey.
Joey : Non ? Sans blague ! De quoi il s’agit. Dis le moi alors ! Non mais pourquoi tu veux revivre ça ? Pourquoi tu veux tant repasser sur cette longue route qui, de toutes façons, ne débouche que sur des prises de tête ?
Pacey, lasse, la fuit du regard : Je sais sur quoi elle débouche cette route.
Joey : Qu’est-ce qu eça peut nous apporter de bon ? Dis le moi. Enfin pourquoi est-ce que tout à coup tu tiens tellement à revisiter un… je sais pas…quelque chose qui serait plus sage d’éviter.
Le téléphone sonne.
Pacey regarde le téléphone auquel il est accoudé depuis quelques minutes.
Joey : Bon tu décroches ou on finit cette conversation ?
Pacey, amer : On pourrait vivre encore mille ans que jamais on ne la finirait.
Il décroche alors qu’ils semblent tous deux énervés.
Pacey : Allo ? Oui oui de toutes évidences nous sommes toujours là… Non non, nous n’avons pas d’autre endroit où aller… Oui monsieur l’agent, j’imagine que nous sommes très mal placés sur la liste de vos priorités, seulement… Non, je ne me suis pas rendu compte qu’il y avait du verglas…Oui ça a du provoquer toute une série d’accidents mais… Entendu, nous allons rester ici. Mais si vous pouviez envoyer une patrouille dès que possible ça m’arrangerait…Oui, merci. Merci.
Pacey raccroche le combiné en soupirant.
Dans les allées du supermarché, Joey regarde un rayon de livres. Elle fouille dans un bac remplis.
Pacey, à l’opposé, regarde les caméscopes. Il s’arrête et réfléchit puis regarde un téléviseur.
Joey est assise par terre, entourée de tous les bouquins qu’elle a sortis du bac et continue de chercher. Elle en attrape un et lit dans sa tête : « Le Journal de Bridget Jones ». Elle semble avoir une idée.
Joey se trouve dans le rayon des DVD. Elle regarde en marchant.
« Ah, Las Vegas Parano », pense-t-elle en attrapant la jaquette.
Soudain, Pacey se fait entendre à travers le haut-parleur : Joey Potter, vous êtes demandée au rayon vidéo. Joey Potter au rayon vidéo s’il vous plait.
Elle lève les yeux au ciel et repose la boite sur le présentoir. Elle cherche alors son ami dans le rayon indiqué.
Une télé s’allume : Ca y est, c’est branché ? D’accord bon.
Surprise, Joey regarde tout autour d’elle pour voir où il se cache. Il apparaît enfin à l’écran.
Pacey : Salut, c’est moi, ouais, ça va de soi. Alors si tu pouvais te rapprocher un petit peu. N’aie pas peur, je ne te mordrai pas. Ma démarche est pacifique.
Pacey est en fait sur tous les écrans de télévisions du rayon. Joey les regarde tous, étonnée.
Pacey : Ecoute, toi et moi on va rester ici un bout de temps. Un bon bout de temps apparemment. Par conséquent, il serait préférable que nous nous accordions une trêve. Et pour faciliter cette trêve, je suis disposé à admettre devant toutes ces caméras que oui, je suis un bouchon ( ?). Chose probablement que tu savais déjà. Beaucoup mieux que certains. Voire même que tout le monde. Mais je m’égare. Ma proposition est la suivante. Laissons le passé dans le passé. Logique car le passé a sa place dans le passé. Essayons de tirer au mieux partie de cette détestable situation, et faisons en sorte de nous sentir à l’aise. Dans ce but, je t’ai acheté quelque chose. Enfin, acheter n’est pas vraiment le bon terme, procurer conviendrait mieux. Enfin bref, je suis sûr que tu me comprends. Derrière toi, sur le présentoir…
Joey se retourne et aperçoit un pyjama et une paire de pantoufle.
Pacey continue : Je ne suis pas sûr des tailles en revanche, normal, débutant, mais on peut échanger si tu veux. Et si tu acceptes ma proposition, tu m’auras à ta disposition pendant une durée limitée, tu auras le droit de me faire faire une chose que je n’ai pas du tout envie de faire.
Joey retourne la tête vers l’écran, l’air inspirée par le marché.
Pacey : Ce qui ne signifie pas que tu n’en aies jamais eu le droit jusque ici. Je me suis rendu compte que la soirée avait commencé dans cet esprit. Tu as fait quelque chose pour moi que tu n’avais pas franchement envie de faire. C’est aussi ça l’amitié. Ok, saïonara !
Pacey sort du champ de la caméra. Joey sourit et il réapparaît en chair et en os face à elle.
Joey, le défi peint sur le visage : Je sais ce que je veux !
Pacey sourit, ravi qu’elle accepte.
Ils traversent le supermarché, Joey devant, concentrée sur sa quête.
Pacey : Tu devrais peut-être te déshabiller, non ?
Joey : Plus tard !
Pacey : Ca t’ennuierait beaucoup de me dire où on va ?
Joey : Plus tard !
Pacey : Je croyais que tu souffrais le martyr avec ces chaussures ?
Joey s’arrête enfin, sourit et tend la main en direction du rayon recherché, les rasoirs.
Pacey : Attends, tu plaisantes !
Joey se dirige vers les objets : tu as dit UNE chose, Pacey !
Pacey : Non, pas si vite. Je voulais dire une chose qui te rendrait service. En quoi mon changement d’apparence peut te rendre service.
Joey : Crois moi, tu m’auras rendu un très grand service si enfin je ne vois plus cette espèce de truc horrible ! Tiens, dit-elle en lui tendant la boite d’un rasoir.
Pacey : Tu veux vraiment qu je le coupe !?
Joey : Oui.
Pacey commence à lui tourner autour : Après tout ce qu’on a traversé ensemble ?
Ils se lancent tous deux dans une sorte de ronde dans laquelle ils se toisent du regard.
Pacey : Alors ça se résume à ça, hein ! Très bien. (il s’arrête) Sache d’abord une chose, il va falloir d’abord que tu m’attrapes.
Joey roule des yeux devant l’attitude enfantine de Pacey : Mais non…
Mais Pacey part en courant, Joey pousse alors un cri avant le suivre à travers les rayons : Aaah ! Pacey…. Pacey… Pacey…
Joey marche maintenant dans un rayon : Pacey ? Pacey ! Tu ne fais que retarder l’inévitable !
Pacey, sur la pointe des pieds, croise la même allée qu’elle alors qu’elle a le dos tourné.
Pacey se faufile à travers les portiques de vêtements n vérifiant qu’elle ne soit pas dans le coin. Il en percute un et le retient de justesse.
Joey : Tu sais, tu aggraves ton cas là, en fin de compte. Ce sera pire ensuite.
Pacey s’accroche au même portique et se baisse à l’écoute de ces mots.
Joey : Va savoir qu’elle partie de ton corps je te demanderai de raser quand je t’aurai trouvé !
Pacey se promène fièrement dans un autre rayon. Un bruit de métal sur le sol retentit. Il s’arrête, interpellé.
Joey, debout à côté des enjoliveurs qui jonchent le sol, joue la comédie : Ahou ! Gros choc frontal avec une énorme pile d’accessoires automobiles.
Pacey se tâte.
Joey : Oooh, viens m’aider. Je crois que je saigne … Dans l’allée 3B, apporte des pansements.
Pacey regarde à droite puis à gauche et se décide enfin.
Deux boîtes de pansements dans les mains, il se rend sur le lieu du larcin. Mais Joey n’est pas là. Il semble méfiant. Joey apparaît dans son dos, une bombe à raser décapsulée à la main.
Joey, le défiant de bouger : Moi à ta place, j’éviterai tout geste brusque.
Pacey : Jamais tu n’oserais.
Joey : Oh que si ! Je ne suis pas très fan de ton costard. Combien est-ce que tu l’as payé ? Dans les 500 $ ? (puis minaudant) En avant jeune homme !
Pacey recule doucement en la regardant droit dans les yeux.
Joey : Allez, en avant, je t’ai à l’œil.
Il fait volte face et se plie à ses exigences.
Dans les toilettes, Pacey se regarde dans le miroir en se grattant le menton. Joey sort d’une cabine de toilettes, changée, en pyjama.
Joey : Hey ! Je t’ai dit de m’attendre !
Pacey : Je t’attends.
Joey grimpe sur le rebord du lavabo pour se placer à côté de lui, tandis qu’il arme le rasoir.
Joey : Ah ! C’est bon là ! Allez, vas y !
Pacey : Sache que tu peux encore changer d’avis. Après, tant pis, il sera trop tard.
Joey : Pacey, ce n’est qu’un bouc donc il repoussera. Cela étant vaudrait mieux pas, ce ne serait pas grave.
Pacey : Tu sais que les footballeurs ne changent pas leurs chaussettes quand ils enchaînent les victoires ?
Joey, dégoûtée : Non.
Pacey : Ils ne changent pas leurs chaussettes car ils ne veulent pas casser l’élan.
Il étale la mousse à raser sur son menton.
Joey : Et tu te vois comme quelqu’un qui en ce moment accumule les victoires, c’est ça ?
Pacey : Ouais.
Joey : Grâce à ces poils que tu refusais de raser ?
Pacey : Ouais.
Joey abdique : D’accord, je renonce.
Pacey s’étonne : Tu renonces ? Sérieusement ? Tu renonces avec une facilité déconcertante !
Joey : Mouais… Si c’est vraiment aussi important pour toi, je n’ai pas du tout envie de rigoler avec une tradition sportive datant de plusieurs siècles. Je ne veux pas que tu rates les championnats ou je ne sais quoi. Je voulais juste revoir ton vrai visage. C’est un crime ?
Pacey, touché : Non.
Joey descend de son perchoir et s’en va.
Pacey : C’est tout ? Fin de l’histoire ? C’est aussi facile que ça ?
Joey : Ouais. (Grimaçant) Mais il va falloir que tu changes de chaussettes.
Elle part et Pacey sourit.
Dans le rayon enfant, face à face, Pacey et Joey sont assis sur deux minis chaises. Ils jouent à « touché coulé ».
Pacey, portant maintenant un sweat : J’ai dit B3 !
Joey cédant : D’accord, très bien, t’as coulé mon cuirassé en B3. Je suis nulle à ce jeu, ça se confirme.
Pacey : Ouais, oh, tout le monde ne peut pas être un as de la stratégie, n’est-ce pas ?
Joey lui fait une grimace.
Pacey : Bon et maintenant ? Abandon, riposte ? Qu’est-ce que tu veux ?
Joey réfléchit.
Pacey : qu’est-ce qu’il y a ?
Joey : J’aurais une question.
Pacey : Vas-y, pose la toujours.
Joey : Est-ce que t’es heureux ?
Pacey, surpris : Moi ?
Joey : Ouais, vraiment heureux. Je veux dire pas en surface genre « Tant que j’ai la santé tout va bien ! ».
Pacey : Pourquoi ? Et toi ?
Joey soupire : Je crois que je suis heureuse. Ce qui est bizarre parce qu’il ne se passe rien de spectaculaire dans ma vie. Mais il se trouve que c’est… Je dois voir les choses d’un œil différent. Jusque ici, j’avais tendance à croire que dur comme fer que lorsqu’il y avait un changement c’était uniquement dans le mauvais sens en gros. Et ces temps-ci, j’ai l’impression que c’est assez faux tout ça. Que quelque soient les surprises que la vie nous réserve, elles ne sont pas forcément nulles. Et si toutefois elles l’étaient, le fait que je n’anticipe plus, en fin de compte, c’est plutôt sympa.
Pacey écoute attentivement et ne dit rien.
Devant le silence de celui-ci, Joey rigole : Ouais, je ne sais pas si c’est très cohérent.
Pacey : Moi, tu vois, ce que j’entends surtout, c’est que…enfin, c’est qu’il te plaisait vraiment ce garçon.
Joey, étonnée : Ce garçon ?
Pacey sourit : ouais, Eddy.
Joey baisse les yeux et sourit, gênée : Mouais. C’est vrai…Mais le passé, comme disent certains, c’est le passé, ce qui ne change rien au fait que tu n’as toujours pas répondu à ma question.
Pacey : Bon, ben est-ce bien utile d’y répondre. J’ai tout pour être heureux dans ce monde. T’as vu ma voiture Joey !
Joey : Pacey !! Je veux une vraie réponse !
Pacey sourit en détournant le regard : Une vraie réponse. Bon, très bien. Voici la vraie réponse. Ces derniers temps, je dois admettre que la vie m’a offert tout ce que je pouvais rêver d’avoir. Tout sauf une chose !
Joey : Laquelle ?
Ils sont dans le snack du supermarché, Pacey une louche de sauce la main.
Joey, effarée : Des nachos ? Pitié, tu ne vas pas manger ces cochonneries.
Pacey : Fallait pas opposer ton veto à la glace avec deux tonnes de crème.
Joey : Pourquoi est-ce que tu t’empiffres toujours pendant les moments clés de notre relation ?
Pacey : J’en sais rien. Ce soir est un moment clé de notre relation ?
Joey : En tous cas, ça aurait pu l’être si tu m’avais permis d’enlever cette chose de ton menton.
Pacey : C’est ce que tu appelles renoncer toi ?!
Joey : Ce soir n’oublie pas que le thème c’est comment se débarrasser des vieilles croûtes nauséabondes.
Elle lui tend son gobelet de soda : J’en redemande s’il te plait. Moins de glaçons cette fois-ci.
Pacey s’exécute : Moins de glaçons !....Tu sais, je crois que j’ai raté ma vocation.
Joey : De pigeon ?
Pacey : Très drôle !
Joey : Désolée, tu m’as tendu la perche.
Pacey : Oh, ce n’est pas grave. J’ai l’habitude avec toi…Euh, autre chose ? Une barbe à papa ? De quelle couleur ?
Joey : Ah, je déteste.
Pacey : tu veux un bretzel ?
Joey : Oh non sans façon, ils datent au moins de l’époque où j’étais vierge.
Pacey : Ah oui, le bon vieux temps.
Joey le regarde perplexe mais Pacey enchaîne.
Pacey : Tu as raison, oublions les bretzels, ne forçons pas sur l’amidon. Surtout avant notre razzia sur le rayon sucreries.
Joey : Pacey ! Oublie aussi les sucreries. A cette heure-ci de la nuit ça pourrit les dents le sucre.
Pacey : Suffit de les brosser !
Joey rit.
Pacey : Et puis si on se sent de faire des folies, petite séance de fil dentaire. Parce tu vois, c’est le côté génial d’une nuit dans un supermarché, tu fais tout ce qui te chante dans un hyper. Tu peux te bourrer de sucreries en tous genres, sans négliger ton hygiène dentaire. Le concept me branche tellement qu’il se pourrait bien que je m’installe ici.
Joey se souvient soudainement : Oh bon sang. Mon devoir ! tu viens ! Oh attends, prends du pop-corn.
Joey part en vitesse sous le regard médusé de Pacey qui n’a pas tout compris.
Pacey et Joey sont assis sur deux fauteuils de camping devant un grand écran. Ils regardent le film Las Vegas Parano, inspiré du roman qu’elle devait lire.
Joey : Je croyais que ça traitait principalement du rêva américain ce film.
Pacey : Qu’est-ce qu’il y a de plus américain qu’une paranoïa teintée d’amertume et d’une berline qui sent les gaufres et l’essence ?
Joey : Qu’est-ce que je vais dire à Hedson demain quand il va me mitrailler de questions ?
Pacey : Hum, sors lui post-modernisme et subjectivité dans la même phrase. Tout se passera bien.
Joey : Je commence à comprendre pourquoi tu assures autant dans ton job !
Pacey : Ah oui ? Pourquoi ?
Joey : Parce que tu es plein de …
Pacey : Ohh, non. Tu n’es pas obligée. On ne se moque pas de ma source de revenus.
Joey rit.
Pacey : Allez tu viens, on bouge ?
Joey : Pourquoi ?
Joey : Parce que j’en ai marre moi d’être assis. On pourrait s’activer dans les rayons.
Joey : Non.
Pacey : Non ? Mais c’est à mon tour de choisir, là je crois.
Joey : On en a déjà discuté. Y aura pas de VTT, y aura pas de rollers et y aura pas de hockey pour me lancer un palet à la tête.
Pacey : Oh non, s’il te plait. C’était pas des vrais, ils étaient en plastiques, c’était des palets pour jouer dans les maisons ça.
Joey : Pacey ! Je crois que l’objectif de la soirée devrait être d’éviter les fractures du crâne.
Pacey : Bon, très bien si tu veux. Cela dit, j’ai un autre projet pour nous.
Pacey est assis sur un fauteuil à roulettes. Joey le pousse à travers un rayon.
Joey : Ce ne te fera pas mal. Promis, juré.
Pacey : Question Joey. Comment peux-tu promettre une chose pareille alors que tu ne sais même pas de quoi tu parles, vu que tu ne l’as jamais fait ?
Joey : Sous prétexte que je ne l’ai jamais fait, je devrais forcément ne pas assurer ? J’assurais au lit, n’est-ce pas !
Pacey la dévisage.
Joey, se reprend en souriant : Excuse. J’ai rien dit. Sujet épineux.
Joey : Bref, si vraiment tu redoutes une éventuelle hémorragie, il y a une autre solution. Tu le fais toi-même.
Pacey : Oui enfin il a déjà été établi tout à l’heure que je n’avais pas la volonté demandée pour ce genre d’exercice.
Joey le met en position et s’installe derrière lui sur une chaise.
Joey : Bon… là ! D’accord.
Elle étend une serviette de toilette sous son cou.
Joey : Important et à garder en mémoire : Tu restes tranquille surtout. Et silencieux.
Elle penches la tête de Pacey et arrière et s’empare d’un ciseau.
Joey : Si tu renonces c’est maintenant.
Pacey : Difficile de te dire que je renonce puisqu’il paraît que je dois rester silencieux.
Joey : Cligne deux fois de l’œil ou je sais pas.
Pacey : Très mauvaise suggestion. Pour remarquer un clignement de l’œil il faut d’abord arrêter de cligner. T’en connais toi qui sont capables d’arrêter de cligner ? Non, ça risquerait de …
Joey : Oh tais-toi là c’est bon.
Joey prend quelques poils de barbe dans une main et entailles avec le ciseau de l’autre.
Maintenant face à face, Pacey se gratte le peu de barbe qui lui reste tandis que Joey lui présente deux bombes à raser.
Joey : Ordinaire ou menthol ?
Pacey : Hein quoi ? on fume ou on rase là ? Qu’est-ce qu’on fait ?
Joey : Pacey Witter, grand ami des femmes ! celle-ci te conviendra mieux, c’est peau jeune et sensible.
Joey prend la mousse dans sa main et l’étale délicatement sur le menton de Pacey.
Pacey : Ca craint rien tu peux y aller.
Elle y va alors franchement. Ils rient.
Joey, s’emparant de l’objet : Rasoir.
Pacey gonfle ses joues pour accueillir le geste de Joey. Elle donne le premier coup de rasoir, fière d’elle.
Joey, murmurant : Encore.
Elle réitère alors son geste .
Joey : Les jambes c’est du gâteau à coté. Même s’il y a certaines similitudes avec les genoux…
Pacey gémit tandis qu’elle attaque le menton.
Joey grimace : Désolée… Bisou magique (en embrassant son doigt et en le plaçant sur l’éraflure.)
Elle finit le travail puis lui essuie le reste de mousse avec la serviette.
Joey : Terminé. Coucou le menton, te revoilà.
Pacey : Eh oui. Il était aps vraiment parti.
Joey : Pas vraiment ?
Pacey, faisant non de la tête et terminant de s’essuyer tout seul : Hum hum.
Joey : C’est l’impression que j’avais pourtant.
Ils se regardent en silence puis Pacey l’embrasse.
Lentement, ils s’écartent un peu l’un de l’autre et s’observent en silence. Contrairement à Joey, Pacey sourit puis soupire.
Joey : C’était quoi ça ?
Pacey : Aucune idée. Mais est-ce que tu te souviens ? Tu as dis que tu était prête à te laisser surprendre par la vie.
Joey, encore sous le choc : Ouais
Pacey : Surprise !
Joey : Comment tu expliques que t’aies pas l’air surpris toi ?
Pacey : Disons que c’est peut-être parce j’ai, j’ai eu envie de t’embrasser dès l’instant où je t’ai vue dans cette tenue.
Joey baisse les yeux sur son pyjama, l’air intrigué.
Pacey : Non. Pas dans cette tenue-ci. L’autre. Enfin euh celle…enfin tu vois ce que je veux dire, celle où t’avais…
Joey : Doucement, là doucement. Toute la soirée tu as eu envie de m’embrasser ?
Pacey : Oui.
Joey : Même quand tu criais sur moi ?
Pacey, riant : En particulier quand je te criais dessus.
Joey : Même quand tu étais en train de draguer cette fille.
Pacey : Oui, là aussi.
Joey : Alors…je ne sais pas, est-ce que…est-ce que c’est un changement récent dans ta vie ?
Pacey : L’envie de t’embrasser ? Non, je dirais qu’elle a toujours été là. Comme les graves et les aigus ou les services secrets ou la menace d’une guerre nucléaire. On vit avec, on s’y habitue.
Joey n’en revient pas : Et ça ne t’énerve pas ce genre de chose.
Pacey, un peu gêné : Ben… Oui et non.
Joey : Oui ou non, Pacey ?
Pacey, très gêné : Oui.
Joey : Explique-toi.
Pacey : Heu, je sais pas si je saurai.
Joey, en souriant pour l’encourager : Essaye !
Pacey : D’accord, bon… Disons pour être honnête que dernièrement je n’ai pas eu que des sentiments d’amitié envers toi.
Joey, traduisant : C’était plus que de l’amitié, tu veux dire.
Pacey : Oui.
Joey : Et le seul moyen de l’exprimer c’est d’avoir des disputes sans fin avec moi ?
Pacey : Je suppose que là aussi c’est un oui qui s’impose.
Joey : Pour quelles raisons, tu as une idée ?
Pacey : Je sais pas.
Joey, rit : Tu sais pas grand chose ce soir Pacey.
Pacey : Tout ce que je sais c’est que… nous deux c’est certainement une des seules, peut-être même la seule chose qui ait vraiment vraiment eu un sens dans ma vie. Ca je peux le dire. Ouais, ça je le sais.
Joey : On n’arrêtait pas d’être en crise.
Pacey : Oh ça aussi je le sais.
Joey : Et il y avait des raisons pour que ça ne fonctionne pas entre nous. C’est vrai, mille bonnes raisons. Et enfin… ma vie elle est…
Pacey l’interrompt : Elle est comme tu le voulais, je sais c’est du délire.
Joey soupire : Pacey je sais pas quoi dire là. Je suis flattée et troublée aussi. Très troublée.
Pacey : T’aurais préféré que je ne dise rien.
Joey, lui sourit tendrement : Non. Ce que je voudrais… on attend avant d’en reparler ?
Pacey, lui rendants on sourire : Oui d’accord. La nuit porte conseils.
Pacey et Joey sont dans le coin camping du supermarché. Ils sont allongés sur deux matelas gonflable. Joey est sous une couette.
Joey : Pacey est-ce que tu as…
Pacey, la devançant : Tout remis à sa place ? Oui ! Faudra quand même qu’on paye les fringues, entre autres.
Joey : Pacey est-ce que tu…
Pacey : Si les prochains mots qui sortent de ta bouche sont « as-tu sorti la poubelle ? », j’aurais un aperçu de ce qui pend au nez du type qui t’épousera !
Joey : Et alors ?
Pacey : Un cauchemar.
Il rit.
Joey : Non, moi ce que j’allais dire c’est « Est-ce que tu le savais ? ».
Pacey : Si je savais quoi ?
Joey : Que c’était un rêve devenu réalité.
Pacey : Quel chapitre ?
Joey : Toute l’histoire.
Ils se tournèrent pour se retrouver face à face.
Joey : Quand on était en mer toi et moi, je rêvais qu’on avait fait naufrage dans la mer des Caraïbes. Avec tous les clichés. Ile tropicale avec ses plages de sable blanc. Et un magnifique ciel étoilé au dessus de notre tête. On vivait tout nus dans notre crique baigné de soleil et on passait des heures dans l’eau claire. Ensuite le soir, dans un ciel bleu marine, la lune faisait son entrée. C’était toujours une lune bine ronde.
Pacey, les yeux fermés, s’endormant : Il est très sympa ce rêve. Moi j’attrapais des poissons à mains nues. J’allumais le feu sans allumette.
Joey : Non, c’est moi je regrette !
Pacey la dévisage, étonné.
Joey : Qui prenait des notes en cours de sciences ?
Pacey : Je ne discute pas.
Joey : Non et d’ailleurs c’est mon rêve celui-ci ! Si je ne t’en avais encore jamais parlé c’est sans doute parce que …enfin…Je devais être gênée, eh oui. C’est léger coté originalité !
Pacey : En tous cas je te rejoins sur au moins une chose.
Joey : Laquelle ?
Pacey : Il y a un millier de raisons pour laquelle ça ne fonctionnerait jamais nous deux.
Joey : Il y a une chose dans la liste des pour aussi.
Pacey : Laquelle ?
Joey se lève doucement de son matelas pour rejoindre Pacey sur le sien et s’allonger contre lui pour l’embrasser.
Joey, la voix rieuse : Ce n’est pas du tout ce que tu crois Pacey.
Pacey : Alors donne-moi une explication.
Joey rit : Ouais. C’est pour te dire que… que je meurs de froid.
Elle se blottit davantage contre lui et il referme la couverture sur eux.
Joey : Et que je pense toujours très fort à toi.
Ils se regardent silencieusement dans les yeux.
Joey : Et que tu me manques, Pacey.
Pacey murmure en l’embrassant sur le front : Tu me manques toi aussi.
Au petit matin, Pacey se réveille en baillant. Le jeune employé de la supérette se trouve à côté.
Employé : Hey mec, alors là, c’est tout sauf cool.
Pacey réveille Joey : Joey ?
Joey : Encore cinq minutes.
Pacey : Non, non là je crois que c’est le moment de se lever.
Joey : Pourquoi ?
Pacey lui montre du doigt le jeune homme. Ils se lèvent alors.
Employé : Ok, je t’explique. Tu as tout à fait le droit d’essayer les produits, le matériel. Mais le directeur va carrément… ouais, il va carrément piquer sa crise.
Pacey : Oh non, pas la peine de l’appeler. De toutes façons on était sur le point de s’en aller.
Joey acquiesce de la tête.
L’employé, l’air niais, à Joey : Salut.
Joey, fronçant les sourcils : Salut.
Employé, à Pacey : Donc, c’est ta petite amie elle ?
Joey : Non ! On dort ensemble des fois mais ça se limite à ça.
Le jeune semble étonné.
Joey, partant : Ca te pose un problème ou quoi ??
Pacey s’amuse de la situation. L’employé le regarde d’un air qui en dit long.
Employé, l’œil coquin: Amis et c’est tout.
Pacey ne tient pas à le contredire. Il suit Joey en haussant les épaules.
Le magasin a rouvert ses portes. Pacey et Joey sont à la caisse. Ils paient ce qu’ils ont utilisé.
Pacey : Tout y est ?
Joey : Oui, tout y est.
Caissière, avec le pyjama de Joey dans les mains : Pas d’antivol sur cet article ?
Joey : Oh ? Non. Vous devriez peut-être le signaler. (elle lui présente un article en plus) Ca aussi.
Caissière : un DVD ouvert ? Sans emballage ?
Joey opine du chef.
Pacey : Oh et euh…Ca aussi.
Caissière : Un rasoir ouvert ? Décidément ! En tout ça vous fera 98 dollars et 25 cents.
Pacey sort son portefeuille de son manteau.
Joey : Je te rembourserai, mon sac à main est dans…
Pacey l’interrompt : Cadeau ! Pour un rêve devenu réalité, c’est vraiment pas cher.
Caissière : J’espère que vous avez trouvé tout ce que vous cherchiez aujourd’hui.
Pacey : Ma foi, pas tout non mais au moins ce dont on avait besoin. Et de mon point de vue c’est parois tout aussi important.
Joey le regarde étonnée.
Pacey continue : Spirituellement parlant. Parce qu’aujourd’hui si vous trouvez ce que vous cherchiez, à quoi bon vous réveiller demain pour refaire ce qui a déjà été fait ? Franchement ça vaut pas le coup.
Joey : Ne faites pas attention. Il est sorti de l’asile pour une demi-journée.
Pacey : Autorisation spéciale.
Joey : Bien, pour être tout à fait honnête, je dois vous dire que je vais écrire un petit mot à votre directeur.
Caissière : Ah bon ?
Joey : Oui, parce que cette grande surface…est parfaite comme elle est. Surtout ne changez rien.
Pacey rit tandis que Joey récupère le sac.
Joey à la Caissière : Merci beaucoup.
Pacey : On rentre ?
Joey : Oui.
Pacey passe devant le deuxième sac rempli de leurs achats sans le prendre. Joey l’attrape alors et porte les deux.
Joey : Dis donc, tu pourrais proposer de porter les sacs !
Pacey : Ya qu’à demander !
Il s’empare d’un des sacs tandis que la caméra les laisse tous deux s’éloigner dans l’allée du supermarché qui les conduira vers la sortie.
Joey : Tu vas me laisser conduire hein !
Pacey : Conduire ? Ma voiture ? Héhé ? Pourquoi ? J’ai l’air d’avoir perdu l