Capeside. Extérieur jour. Un couple se dirige vers le Leery Fresh Fish ...
Femme : Tu vas adorer !
Homme : Je te fais confiance.
Ils s'arrêtent devant l'entrée du restaurant, face à un écriteau.
Femme : C'est fermé !
Homme (lisant l'écriteau) : oui, "décès dans la famille"...
Divers plans-séquences à l'intérieur de la maison des Leery, déserte. La caméra se promène dans la maison puis s'arrête dans la cuisine : Dawson fait la vaisselle. On entend Lily pleurer à l'étage ; Dawson monte s'occuper d'elle. Gros plans sur des photos de famille...
Générique (spécialement composé au piano acoustique)
Au funérarium. Dawson discute avec un responsable...
Responsable : Et votre maman ?
Dawson : Elle pleure beaucoup.
Responsable : Oui, ça se comprend. Et vous, comment ça va ?
Dawson : On me le demande sans arrêt. C'est une drôle de question. A chaque fois je me lance dans des réponses trop longues comme avec vous en ce moment. Les gens ça les met mal à l'aise généralement. Vous c'est différent, vous êtes un professionnel.
Responsable : On peut dire ça, oui.
Dawson : Je vais bien (il se retourne et examine du regard différents cercueils. Il en désigne un.) Celui-ci
Responsable : C'est un très bon choix. Vous avez du goût.
Dawson : Merci.
Boston. La Marina. Joey s'approche du bateau de Pacey.
Joey : Bonjour.
Pacey : Bonjour ! (il ricane) C'est quoi ces sourcils froncés ? Attention tu vas choper des rides !
Joey : Pacey j'ai une mauvaise nouvelle.
Pacey : Aah ? T'as pas l'air de plaisanter dis donc !
Joey : Doug m'a téléphoné, il n'arrivait pas à te joindre. Il a laissé je sais pas combien de messages hier au restaurant.
Pacey : Je les ai eu. Je comptais bien le rappeler mais tu sais ce que c'est.
Joey : À mon avis t'aurais dû.
Pacey : Et c'est quoi l'urgence ?
Joey : C'est Mitch, il est mort.
Pacey : Quoi ? Mais comment c'est arrivé ?
Joey : Accident de voiture.
Pacey : Et le reste de la famille, enfin, ça va ?
Joey : Oui ça va, il n'y a que Mitch, il était seul.
Pacey : Mais c'est arrivé quand ?
Joey : Avant hier soir. (Pacey soupire)
Pacey : Dawson, comment il va ?
Joey : Ben, comme quelqu'un qui vient de perdre son père !
Pacey : Oui, évidemment, question idiote.
Joey : Non, c'est normal, on est tous perturbés. Si tu savais combien de trucs totalement idiots j'ai pu lui sortir depuis deux jours moi ! Enfin bon, est ce que tu veux m'accompagner ?
Pacey : Je suis pas sûr que ce soit judicieux.
Joey : Mais qu'est ce que tu me racontes ?
Pacey : Ben je sais pas (il soupire). Il a peut être pas envie de me voir lui.
Joey (énervée) : D'accord. Alors ton père décède demain, tu es à son enterrement, tu lèves la tête, tu vois Dawson dans un coin, qu'est ce que tu ressens ? Qu'est ce que ça te fait de voir un de tes plus vieux amis ?
Pacey : Je te demande cinq minutes, je reviens.
Au Bed and Breakfast des filles Potter.
Grams, Bessie et Jen sont dans la cuisine.
Jen (à Bessie) : Tiens. (Elle lui tend un plat)
Bessie : Merci Jen.
Jen va rejoindre Jack à l'autre bout de la pièce.
Jen : T'as deux secondes là, je peux te parler ?
Jack : Bien sûr !
Jen : Je suis morte de trouille.
Jack : T'as peur de quoi ?
Jen : De le voir, c'est terrible !
Jack : Pourquoi ?
Jen : Parce que je sais pas quoi lui dire !
Jack : Rassure-toi il n'attend pas que tu lui fasses de beaux discours.
Jen : Je n'ai pas réussi à dormir cette nuit. Je suis restée debout, j'ai tourné, viré, j'ai réfléchi à ce que je pouvais lui dire, à ce que je pouvais faire aussi.
Jack : Jen, personne ne sait quoi dire. Quand mon frère Tim est mort, tu peux pas imaginer ce que j'ai entendu. Mais dans ces circonstances, qu'importe ce que disent ou font les autres, Dawson est seul avec son chagrin tu comprends, et y'a pas un mot, une phrase ou un quelconque geste qui saura effacer la souffrance qui le ronge.
Jen : Mais alors qu'est ce que je dois faire ?
Jack : Trouve une façon à toi d'être à ses cotés pendant cette épreuve.
Jen : D'accord.
Chez Dawson.
Il couche sa petite soeur. Il entre dans la chambre de sa mère qui dort. Il remonte sa couverture et jette ses mouchoirs usagés. Il se rend dans sa chambre et s'étend sur son lit : il se remémore le jour de ses 12 ans. Mitch toque à la porte et entre.
Mitch : Content de ton anniversaire ?
Dawson : Oui, très content !
Mitch : Et qu'est ce que ça te fait d'avoir 12 ans ?
Dawson : C'est pas mal, maintenant je peux avoir une petite amie !
Mitch : Ah tu crois ça toi ?!? Moi je te conseille d'attendre quelques années. Oui, prend ton temps avant de laisser les filles te gâcher l'existence !
Dawson : D'accord
Mitch : Et tes cadeaux, ils t'ont plu ?
Dawson : Ouais, surtout " 1941 " de Spielberg !
Mitch : Ben je peux te dire qu'il a fallu se remuer pour trouver cette cassette !
Dawson : Merci papa !
Mitch : Y'a pas de quoi. Peut-être que je me trompe mais, je crois que t'as encore un paquet à déballer !
Dawson : Non, ils sont tous déballés.
Mitch : T'en es sur ?
Dawson : Ben oui !
Mitch : Ah c'est drôle, j'ouvrirais mon placard moi si j'étais toi, au cas où ! Vas-y ! (Dawson s'exécute)
Mitch : Allez, sort-le ce paquet ! (C'est un caméscope) Le vendeur m'a assuré qu'il était très bien pour réaliser des films. On peut aussi faire du montage avec, et tu peux le fixer sur un trépied. (Dawson se jette dans ses bras)
Dawson : Merci papa.
Mitch : Je t'en prie Dawson.
Dawson : Je suis sûr que c'est pas donné ce genre de caméscope mais je te garantie que tu ne regretteras pas. Je ferai plein de films avec ! C'est tout sauf une lubie, j'te jure !
Mitch : T'inquiète pas, c'est un cadeau, fais-en ce que tu veux. Je te souhaite de t'évader avec les choses que tu aimes.
(Joey entre dans la chambre et interrompt son rêve)
Joey : Dawson ?!
Dawson : Joey, Bonjour.
Joey : Tu souriais.
Dawson : C'est vrai ?
Joey : Je t'assure ! (elle le prend dans ses bras) Heu, Je suis là si tu as besoin d'aide.
Dawson : Hum, oui tu peux m'aider. Ça ne t'ennuie pas de veiller sur Lily dans la chambre, ma mère dort et il faut que j'aille au funérarium.
Joey : Bien sur que non.
Dawson : Parfait. (il décroche un costume du porte-manteau)
Joey : C'est ce que tu vas porter ? C'est très chic !
Dawson : Non, c'est pour mon père Joey. Ils vont lui mettre ce costume.
Joey (confuse) : Oh, pardon !
Dawson : Ce n'est rien, tu ne pouvais pas deviner. Je n'en ai pas pour longtemps (il se sauve).
Séquence musicale pendant la cérémonie d'enterrement qui a lieu en plein air au cimetière de Capeside.
Joey prend la main de Dawson. Mais celui-ci trouve le prétexte de prendre un mouchoir dans sa veste pour s'en détacher. Les voitures partent les unes après les autres. La cérémonie se déroule désormais chez les Leery.
Grams s'approche de Dawson qui tient Lily dans ses bras.
Grams : Mon garçon, si tu me laissais m'en occuper un instant ?
Dawson : Je ne peux pas vous laisser Lily parce que c'est une extraordinaire parade. Quand je la tiens dans mes bras, les gens hésitent à s'approcher pour déverser leurs platitudes.
Grams : Sais-tu où est ta mère ?
Dawson : Elle est montée. Elle ne redescendra pas. Quelles sont les vôtres ?
Grams : Mes quoi ?
Dawson : Vos platitudes !
Grams : J'ai bien peur de ne plus en avoir.
Dawson : Je pensais que j'aurais droit à " Les voix du Seigneur sont impénétrables, Dawson "
Grams : Le Seigneur et moi nous ne sommes pas en bons termes cette semaine.
Joey, seule dans le pré devant la maison. En remontant vers la maison, elle s'arrête devant la fenêtre de la chambre de Dawson, et repense au jour où Mitch lui avait installé une certaine échelle ...
Mitch : Ecoute Joey, je ne veux plus que tu grimpes là-haut en escaladant le grillage, tu m'entends ? C'est dangereux et tu pourrais te faire mal. Et si ça t'arrivait, il est évident que mon fils m'en voudrait beaucoup.
Joey : Ça, ça m'étonnerait !
Mitch : Tôt ou tard Joey, il se décidera enfin à ouvrir les yeux, il finira par comprendre, même si ce n'est pas aussi vite que tu le souhaites. Les garçons sont bêtes tu sais ! (il l'embrasse sur le front et s'en va).
Dawson dans la cuisine. Jen le rejoint.
Jen : Salut !
Dawson : Ça va ?
Jen : Qu'est ce que tu fais ?
Dawson : Et ben j'hésite entre boire un verre de jus d'orange et une bouteille de vin. Qu'est ce que tu en penses ?
Jen : Et ben le vin c'est bien mais le whisky c'est plus radical !
Dawson : Je pourrais essayer la drogue !
Jen : Oh oui, encore mieux !
Dawson : Ouais, des jours comme celui-ci je regrette de ne pas prendre certaines substances. Mais rien que l'idée de commencer, j'sais pas , ça me, ça m'dégoûte !
Jen : D'autant plus que c'est difficile d'en trouver de la bonne à Capeside !
Dawson : Imparable. Jus d'orange.
Jen : Depuis hier je n'arrête pas de chercher les mots qui pourraient te réconforter. Je me sens hyper nulle, oui vraiment Dawson. Je n'arrive pas à imaginer ce que tu traverses. Je me sens tellement inutile. C'est vrai, si tu souffrais à cause d'une fille, je saurais te conseiller mais là, là c'est pas dans mes cordes. La seule personne qu'on m'ait jamais enlevée c'est mon grand-père, et ça remonte à quelques temps déjà. Alors voilà ce que je vais faire Dawson : je vais te serrer dans mes bras, te garder contre moi très longtemps et après je vais te dire que je t'aime très fort. A mon avis c'est loin d'être une mauvaise idée, et c'est ma façon à moi de te dire que je ferai tout pour que tu sois moins triste.
Dawson : Je trouve ton idée très bonne.
Joey est montée rejoindre Gale à l'étage.
Gale : Je n'arrive pas à croire qu'il est parti. Je guette le moindre bruit, je crois entendre sa voiture dans l'allée, ses clefs dans la serrure ou encore ses pas dans l'escalier. Alors comment ça se passe en bas ?
Joey : C'est, c'est très réussi. La terrine a beaucoup de succès.
Gale : Comment va notre garçon ?
Joey : Il va bien, il prend sur lui.
Gale : Plus qu'il ne devrait, c'est bien ça qui m'ennuie.
Joey : Moi aussi.
Gale : Il tient ça de son père, son obstination.
Joey : C'est un peu bête d'affirmer ça aujourd'hui mais ... il ne nous a pas tout à fait quitté. Parce que s'il y a bien quelqu'un qui est le portrait craché de Mitch, c'est Dawson !
Gale : Tu crois ça toi !
Joey : Vous savez, on était tous vraiment proches. J'ai grandi auprès de vous et ... et c'est vrai qu'à l'époque j'étais trop jeune pour analyser ce que je voyais mais je sentais qu'il y avait quelque chose de bien, de spécial dans votre façon de vous regarder tous les deux, comme si, comme si vous aviez partagé un merveilleux secret auquel les autres ne pouvaient avoir accès. Mes parents n'avaient pas ça eux, même quand ça allait bien dans leur couple. Loin de moi l'idée de vous faire croire que je sais mieux que quiconque ce qu'il s'est dit avant de mourir ce soir là mais je suis sure que votre mari vous aimait vraiment beaucoup.
Dawson est assis dans la véranda. Pacey sort de la maison. Dawson l'interpelle.
Dawson : Bonjour.
Pacey : Dawson ! Salut.
Dawson : Merci d'être venu.
Pacey : C'est normal. Mais c'est pas vraiment dans ces conditions que j'aurais aimé te revoir.
Dawson : Oui je comprends. C'était bien ta croisière ?
Pacey : C'était vraiment bien oui, ouais vraiment bien. Ça m'a surtout aidé à y voir plus clair.
Dawson : Tant mieux.
Pacey : Alors, c'est comment Los Angeles ?
Dawson : Il se pourrait très bien que j'arrête.
Pacey : Pourquoi ?
Dawson : C'est une longue histoire.
Pacey : Je suis désolé Dawson, j'aimerais trouver mieux à te dire là mais, tout ce que j'éprouve se résume à ça : je suis vraiment désolé.
Dawson : Tu te souviens de la fois où on fumait dehors et qu'il nous a surpris ?
Pacey : Ouais, ah ouais ! C'est gravé dans ma mémoire ! On venait d'entrer au collège, il était furieux. Et fidèle à lui-même il nous avait dit combien il était inquiet pour nous. J'étais tombé des nues moi, avec mon père ça aurait pris une autre tournure. D'ailleurs j'aurais continué à fumer juste histoire de le pousser à bout ! ( Dawson rit nerveusement)
Dawson : Bien, il est préférable que je rentre. Peut-être que quelqu'un a besoin de moi.
Pacey : Bien sur. (tous deux se lèvent et se serrent la main)
Dawson : Ça m'a fait plaisir de te voir.
Pacey : Ouais. Viens là. (il le prend dans ses bras)
Dawson retourne dans la maison. Une vieille amie de Gale l'interpelle.
Susan : Dawson ! Je ne pense pas que tu te souviennes de moi, je suis Susan une vieille amie de ta mère. On s'est connu à la fac.
Dawson : Ah ! La fan du groupe " Greatful Dead ".
Susan : Oui c'est ça. Dis-moi, ça va ? Tu parviens à gérer ton deuil ?
Dawson : Heu, je le gère.
Susan : Oui, mais de quelle façon ?
Dawson : Au risque de paraître impoli je ne vois pas de quoi vous parlez. (le téléphone se met à sonner)
Susan : Comment canalises-tu les diverses émotions liées à la disparition de ton père ?
Dawson : Au risque de paraître impoli encore une fois, je n'ai pas le temps et encore moins le luxe de ...
Susan : Tu dois prendre le temps, c'est primordial !
Le répondeur avec la voix de Mitch préenregistrée se déclenche. Dawson se jette sur l'appareil et tente de l'arrêter. Il finit par le débrancher violemment. Tous les regards sont rivés sur lui. Il s'enfuit de la maison.
Joey part le rejoindre et le retrouve au bout du ponton.
Dawson : C'est pas vraiment ce que j'ai fait de mieux, hein !?!
Joey : Il y a très longtemps de ça maintenant, je ne sais pas, quelques mois après la mort de maman, je me trouvais dans la cuisine en train de fouiller dans un tiroir - je cherchais un stylo ou je sais plus quoi - et je suis tombée sur une liste de courses qu'elle avait faite. Et dessus elle avait dessiné plein de ... plein de tous petits coeurs, et là j'ai craqué. J'ai pleuré comme un bébé pendant des heures. Et tu vois le coup du répondeur, si ça m'était arrivé, je crois que je serais partie de chez moi en hurlant.
Dawson : Je ne peux pas faire ça.
Joey : Mais qui t'a dit ça ?
Dawson : Moi. Je ne peux pas. Ma mère est l'ombre d'elle-même alors je dois me contrôler.
Joey : Elle a le droit de se mettre dans cet état et toi aussi. Je te propose une chose : tu t'occupes de ta mère et moi, je m'occupe de toi.
Dawson : Tu sais Joey, quand ta mère est morte, j'ai compati à ton chagrin, c'était terrible. Mais ce que je ressens là c'est étrange. Je suis hors de la réalité, c'est comme si j'avais été téléporté dans un autre univers où je marche à coté de mon propre corps toute la journée.
Joey : Ça ira mieux, je te le promets.
Dawson : Ravi de l'entendre. Tu as des conseils aussi pour m'aider à ma faire à l'idée qu'il est mort par ma faute ?
Joey : Quoi ? D'où tu sors ça ?
Dawson : Je t'en prie Joey, réfléchis une minute. Si je n'étais pas revenu, si on ne s'était pas disputé, on n'en serait pas là.
Joey : Regarde-moi. Ton père est mort dans un accident de voiture. Tu ne pouvais rien faire, rien du tout pour empêcher ça.
Dawson : Ça n'est pas tout à fait exact Joey. Non, parce que tu vois si ce matin là je n'avais pas débarqué, ma mère ne m'aurait pas fait un petit déjeuner, par conséquent il serait resté plus de lait, mon père ne serait pas allé en racheté ce soir là. Il en serait resté assez pour Lily le lendemain matin.
Joey : Non arrête, c'est ridicule.
Dawson : Joey, ne me dis pas que c'est ridicule. Je sais que quand mon père a pris le volant, il était en colère. Peut-être qu'il continuait mentalement à m'incendier. Il aura suffit d'une fraction de seconde d'inattention.
Joey : Tais-toi Dawson, tu n'as pas le droit de te faire ça.
Dawson : Tu sais ce qu'il m'a dit avant de partir ? Il a dit que j'étais en train de commettre une erreur magistrale et qu'il était déçu par mon comportement.
Joey : Ouais, je sais tu me l'as dit. Mais il n'y a pas que ça, tu te souviens ? Il a aussi dit qu'il t'aimait beaucoup.
Dawson : Je vivrai avec la certitude qu'il m'aimait, je n'en douterai jamais. Non, seulement, est-ce que tu sais Joey à quel point c'est nul de savoir que mon père est mort en étant déçu, déçu par moi. Il avait raison, c'était n'importe quoi, c'était un caprice de môme. Si je l'avais écouté, il m'aurait emmené à l'aéroport et la mort ne l'aurait pas fauché sur cette route. (il s'en va)
Grams va rejoindre Gale dans le pré.
Grams : Est-ce que ça va Gale ?
Gale : Oh, je fais aller, comme on dit dans ces cas là.
Grams : Tous les soirs durant 46 ans j'ai prié notre seigneur pour qu'il me rappelle à lui en premier. Je ne concevais pas de vivre sans mon mari, je ne m'en sentais pas capable surtout. Mais j'avais tort, j'ai survécu. Ça n'a pas été facile. Et puis c'est inévitable, le jour arrive où l'on se dit " tiens, c'est moins dur que le jour précédent ".
Gale : Et en attendant ce jour ?
Grams : On s'arrange avec son médecin pour qu'il vous prescrive des petites pilules ! Ah seigneur comme c'est curieux ce genre de chose.
Gale : Quel genre de chose ?
Grams : Le sentiment amoureux. Vous partagez votre vie avec l'être aimé, vous lui donnez votre coeur, vous construisez une vie avec lui et le jour où vous le perdez, tout s'écroule autour de vous. C'est de la folie, de la folie pure.
Gale : Je suis d'accord, c'est insensé.
Grams : Alors pourquoi tombons-nous toujours dans le piège ?
Gale : Que serions-nous sans l'amour ! (elles se prennent dans leurs bras)
Grams : Aah, je regrette que nous ne soyons plus voisines.
Gale : Oh oui, moi aussi.
Grams : Je peux rester quelques temps si vous voulez, je m'occuperais de Lily.
Gale : Oh, merci, c'est très généreux de votre part Evelyne, je vous en suis très reconnaissante mais, non, Dawson est là et je crois que nous devrions affronter seuls la situation.
Grams : Vous en êtes sure ?
Gale J'en suis sure.
Grams : Bien, je comprends. Mais si vous changez d'avis, n'hésitez pas à me passer un coup de fil. Il faut se montrer solidaires entre veuves !
Dawson, allongé sur son lit. Joey entre dans la chambre.
Joey : Ça va ?
Dawson : Ça va.
Joey : Les gens commencent à partir.
Dawson : Alors au revoir.
Joey : Non, je peux rester tant que tu veux.
Dawson : C'est vraiment adorable.
Joey : Je suis sérieuse !
Dawson : Oui oui, je sais, mais tu dois retourner à Boston.
Joey : Boston pour l'instant c'est secondaire.
Dawson : Ça va aller.
Joey : Dawson !
Dawson : Joey, je veux rester seul d'accord !
Joey : D'accord. Appelle si tu as besoin, tu le feras ?
Dawson : Je le ferai.
Joey : Au revoir.
Au Bed and Breakfast. Extérieur nuit. Pacey rejoint Joey sur la terrasse.
Pacey : Ah, c'est dingue, j'avais encore jamais vu l'auberge des filles Potter aussi bondée !
Joey : Un enterrement, ça relance une affaire.
Pacey : Tu veux savoir ce qu'il y a de pire pour moi dans la mort ? C'est son horrible tendance à mettre toute une assemblée de mauvaise humeur. Le jour où je partirai, je veux que ce soit dans des conditions telles que tout le monde rira. D'accord ce sera peut-être inattendu ou tragique mais tellement cocasse que les gens se bidonneront ! Écrasé par une voiture remplie de clowns, ce serait drôle ça comme mort ! (Joey sourit) Je t'ai vu sourire, mission accomplie !
Joey : Il ne va pas très bien, il s'en veut.
Pacey : Pourquoi ?
Joey : Parce que, il voulait laisser tomber Los Angeles et revenir sur Boston, et Mitch trouvait que c'était n'importe quoi alors ils se sont disputés.
Pacey : Pour quelle raison majeure Dawson Leery veut-il subitement laisser tomber la Californie et les études de cinéma ? (Joey lui lance un regard éloquent. Ah ! c'est clair. Tu peux me raconter, pas de problème, ça me dérange pas.
Joey : Pacey, je ne lui ai rien demandé si c'est ce que tu t'imagines.
Pacey : Oh ben, s'il y a quelqu'un à même de comprendre ce genre de subtilité ici, c'est moi. Á mon avis, il serait temps de vous jeter à l'eau tous les deux. Qu'est ce qui vous retient ? On se le demande ! Dans ce monde, il y a de la place pour tous les Roméo et Juliette.
Joey : Souviens-toi de la fin !
Chez les Leery. Gale entre dans la chambre de Lily.
Elle revoit Mitch installer le berceau de Dawson peu de temps avant sa naissance.
Mitch : Ça va être impeccable ma puce, t'inquiète pas !
Gale : Oh, je ne m'inquiète pas ! Quand tout s'écroulera je ferai venir quelqu'un pour réparer le berceau !
Mitch : Oh ! Femme de peu de foi ! Madame Leery, vous ai-je déjà déçu ?
Gale : Non monsieur Leery, vous êtes toujours à la hauteur.
Mitch : Comment il sera ce gamin ?
Gale : S'il tient de toi, ce sera un bel enquiquineur ! (ils rient)
Mitch : En général, les pères veulent que leur fils fassent du base-ball. Pas moi. Les sports d'équipe ça rend les gens soumis. Mon gamin sera un marginal !
Gale : Un marginal ?!?
Mitch : Ouais ! Le marginal n'a pas que des A à l'école, il ne grandit pas pour devenir vendeur de maisons, se saouler le week-end et battre ses enfants.
Gale : Dans ce cas, croisons les doigts pour qu'on ait un marginal ! (Dawson entre dans la pièce et interrompt ses pensées)
Dawson : Ça va ?
Gale : Oui, pour l'instant. (ils s'approchent du berceau de Lily) Tu veux savoir ce qu'il y a de plus triste dans tout ça : elle ne saura jamais qu'il a existé.
Dawson : Si elle le saura, t'inquiète pas. Je lui parlerai de son père à chaque fois que j'en aurai l'occasion.
Gale (sanglotant) : Je suis dans un état lamentable, excuse-moi.
Dawson : Maman, arrête, tu n'as pas à t'excuser.
Gale : Tout va rentrer dans l'ordre pour toi.
Dawson : Pour l'instant moi je reste ici. Je resterai tout le temps qu'il faudra. Ma place est près de toi et Lily.
Gale : Chéri, tu sais rien ne t'oblige à être aussi fort tout le temps. Tu as le droit d'aller mal, tu as le droit de pleurer autant que tu veux, tu n'as pas à avoir honte de tes émotions.
Dawson : Je n'ai pas honte, tu te trompes. Je suis... Les gens n'arrêtent pas de me demander comment ça se passe, comment je me sens. La vérité c'est que je ne ressens rien. Je suis anesthésié de partout et ça je dois reconnaître qu'au fond ça m'arrange.
Gale : C'est très bien, jusqu'à ce que tout s'effondre et qu'on ait plus le contrôle.
Dawson : Oui, jusqu'à ce que ...
Le lendemain matin. Pacey arrive en voiture chez les Leery.
Il se rappelle le jour où Mitch lui a appris à conduire dans l'allée.
Mitch : Bon, Pacey, Tu as le pied sur la pédale de frein ? Bien. Marche arrière. Ouais, tout doux ! Oh oh oh ! Attention aux fleurs ! Ma femme va me tuer sinon. Gare-toi. (Pacey s'exécute) Ça y est, l'affaire est dans le sac ! Tu sais conduire ! Heu, ce n'est pas terrible d'accord mais tu en sais assez pour réussir à l'examen !
Pacey : En tous cas merci Monsieur Leery.
Mitch : Ce fut un vrai plaisir. Je regrette que ton père soit débordé.
Pacey : Ouais, moi aussi.
Mitch : Allez, ne lui en veux pas trop. Être shérif c'est pas une partie de plaisir, pense aux responsabilités qu'il a.
Pacey : Moi tout ce que je voudrais c'est qu'il soit plus présent.
Mitch : Pacey, si tu as encore besoin de leçons, tu viens frapper chez moi, d'accord ?
Pacey : D'accord.
Pacey sonne à la porte. Dawson va ouvrir.
Pacey : Je te réveille ? Comment ça va aujourd'hui ?
Dawson : Il est toujours mort, c'est toujours aussi nul.
Pacey : Tu veux venir faire un tour avec moi ? (Dawson acquiesce)
Pacey l'emmène sur les lieux de l'accident.
Dawson : Je peux savoir ce qu'on fait ici ?
Pacey : Je veux te montrer quelque chose. D'après mon frère, ton père roulait sur cette route à 70 km/h, ce qui je te l'accorde est loin d'être la vitesse autorisée, mais ce qui n'est pas exceptionnel à cet endroit. Et au même moment, un dénommé Gary Peters qui rentrait du travail arrivait en sens inverse au niveau du virage. Gary Peters est un citoyen ordinaire : 35 ans, marié, 2 enfants. Il est bagagiste à Blue Star Airlines, et ce jour là il s'était tapé une double journée de travail. Il devait être crevé parce qu'en arrivant dans ce virage, il dormait au volant.
Dawson : Pourquoi tu fais ça Pacey ?
Pacey : Pourquoi ? Parce que je veux que tu saches que c'est justement ce Gary Peters qui a tué ton père, ce type qui aurait mieux fait de ne pas prendre le volant, ce type qui jusqu'à la fin de ses jours va s'en vouloir d'avoir enlevé Mitch Leery à sa femme et à ses 2 enfants. Et je veux surtout que tu saches que ce n'est pas toi qui l'a tué, ce n'est pas toi Dawson, Tu n'as rien à te reprocher. Tu veux être malheureux ? Pas de problèmes, soit malheureux, mais je t'interdis de penser ne serait-ce qu'une seconde que c'est ta faute. Parce que que ce soit clair, ce n'est pas ta faute. Tu as eu ton père pendant 18 ans, c'est plus que beaucoup de gens, et ton père a fait un boulot énorme Dawson, ton père a fait de toi un homme, un homme hors du commun que beaucoup de gens apprécient, admirent et respectent. Plus important encore, ces gens là t'aiment. Tu veux savoir pourquoi je fais ça ? Je le fais parce que toi et moi on était amis y a pas si longtemps. Si t'as besoin d'aide, je serai là, n'hésite pas. Où tu veux et n'importe quand, toute la vie. Tu vois ce que je veux dire ?
Dawson : Et si on y allait.
Boston. Chambre d'Audrey et de Joey.
Audrey : Comment il était ?
Joey : Ben c'était un père quoi, dans le meilleur sens du terme. Il était chaleureux, attentionné, juste un peu casse-pied comme on rêve secrètement que les parents le soient.
Audrey : Et comment va Dawson ?
Joey : Heu ... Difficile à dire. Il ne veut pas que je m'occupe de lui. Je pensais que j'allais pouvoir l'aider, je pensais que ma présence lui serait d'un grand secours, qu'elle pourrait le réconforter mais il m'a rejeté. Il n'a même pas souhaité que je reste assise à coté de lui en silence. Tout ce qu'il voulait finalement c'est que je disparaisse. (elle se met à pleurer, Audrey la réconforte)
Chez les Leery. Dawson et Gale mangent en silence. Gale se lève de table.
Gale : Oh chéri !
Dawson : Oui.
Gale : on n'a plus de lait. (elle jette la brique vide à la poubelle et éclate en sanglots. Dawson va la réconforter)
Á l'épicerie. Dawson passe à la caisse.
L'épicier : Je suis sincèrement désolé de ce qui t'arrive Dawson.
Dawson : Merci Monsieur Brannagh, merci.
L'épicier : Il est passé à la boutique l'autre soir ton père.
Dawson : Je sais.
L'épicier : Je lui ai demandé de tes nouvelles, et devine ? Il a dit que tu étais un sale petit enquiquineur !
Dawson : C'est tout moi.
L'épicier : Cela dit, il était fier de toi. Comment je le sais ? Dès que j'ai prononcé ton nom, bon sang, son visage s'est illuminé ! Il a dit que tu étais un gars bien, mais qu'il avait du mal à te suivre parfois. Je me souviens, il a ajouté que tu étais un incorrigible romantique et aussi que ... qu'il était fier que tu sois son fils. Ça te rend triste, je le déplore, mais j'estime qu'un fils doit le savoir quand son père parle de lui en ces termes. N'oublie pas la monnaie et transmet mas condoléances à ta maman.
Dawson : Oui, comptez sur moi. (il monte dans sa voiture et fond en larmes)
Séquence musicale.
Les Bostoniens se retrouvent tous au restaurant " Liberty Hall ", où travaille Pacey.
Séquence finale.
Il s'agit de scènes inédites du dernier épisode de la quatrième saison. Dawson s'apprête à partir au cinéma. Mitch veut faire une photo de famille dans le pré.
Mitch : Là, bon, ça devrait fonctionner. Ouais, allez vite, tout le monde en place ! Serrez-vous !
Dawson : Comme si on avait pas déjà assez de photos !
Gale : Oh, le rabat-joie !
Mitch : Arrête ton char lascar !
Dawson : Tu fais des vers !
Mitch : Allez, un p'tit sourire mes amours ! (l'appareil photo se déclenche)
Dawson : Ça y est ? Vous êtes contents ? C'était quelque chose ! Bon, je vais au ciné avec les autres, je suis en retard.
Gale : Amuse-toi bien !
Mitch : Eh ! C'est boire ou conduire !
Dawson : Aller au ciné avec Joey, Jen et Jack, ça veut pas dire se saouler !
Mitch : Bon c'est bon, allez vas-y. Bonne soirée !
Dawson : A plus tard ma tribu !
Gale (au sujet de Lily) : On dirait qu'elle a faim !
Mitch : Tu veux un coup de main peut-être ?
Gale : Non, reste faire mu-muse avec ton appareil ! (elle l'embrasse) Les garçons et leurs jouets, c'est pas croyable ça !!!
Mitch contemple avec satisfaction sa propriété. Le bonheur se lit sur son visage.
Un grand merci à Jennifer pour ce script !